Henri Beyle, dit Stendhal (1783 – 1842)
Stendhal en costume de consul
Silvestro Valeri, 1835-1836
Collection Musée Stendhal, Ville de Grenoble
Henri Beyle naît à Grenoble le 23 janvier 1783. Son père, Chérubin Beyle, est avocat au Parlement du Dauphiné ; sa mère, Henriette Gagnon, est la fille d’un des principaux médecins de la ville. Cette dernière meurt quand l’enfant n’a que sept ans. Dans l’appartement du 20 Grand’ rue, c’est auprès de son grand-père maternel, le docteur Henri Gagnon, « véritable père et ami intime » (1), que le jeune Henri s’initie aux lettres, aux sciences, et trouve dans les œuvres des Lumières et des auteurs antiques le moyen de s’évader d’une enfance autrement morose.
En 1799, Henri Beyle quitte sa ville natale pour Paris où son cousin Pierre Daru lui permet d’intégrer le ministère des armées. C’est le début d’une carrière militaire, administrative puis diplomatique qu’il poursuit jusqu’à la fin de sa vie.
Témoin des évolutions sociales et politiques propres à son époque, voyageur insatiable et observateur attentif de ses contemporains, Henri Beyle nourrit une autre ambition : devenir un grand écrivain. Sous le pseudonyme de Stendhal, il publie de son vivant quelques romans dont Le Rouge et le Noir (1830) et La Chartreuse de Parme (1839). Il est aussi l’auteur de pamphlets, essais, chroniques et critiques d’art. Mais le succès public de ses romans est mitigé. Seule La Chartreuse de Parme lui permet de commencer à se faire un nom. Elle vaut à Stendhal une longue et élogieuse critique de Balzac, alors au sommet de sa renommée, parue dans la Revue Parisienne en 1840.
Lorsque Stendhal décède des suites d’une crise d’apoplexie le 23 mars 1842, une partie de son œuvre demeure inédite ou inachevée. Conservés à Grenoble, les manuscrits stendhaliens ne sont étudiés puis publiés qu’à partir des années 1880. Près d’un demi-siècle après la disparition de l’écrivain, l’ampleur, la qualité et la singularité de son œuvre sont ainsi révélées. Des chercheurs et figures littéraires majeures du début du 20e siècle s’en emparent : c’est le début du stendhalisme.
Par intuition ou prémonition, l’écrivain contrarié, intransigeant, libre d’esprit et affranchi des modes et préjugés de son temps, avait prédit cette reconnaissance posthume : « Et moi je mets un billet à une loterie dont le gros lot se réduit à ceci : être lu en 1935 » (2). En France comme à l’étranger, il est considéré aujourd’hui comme l’une des figures majeures de la littérature française du 19e siècle.
(1) Vie de Henry Brulard, Stendhal, 1835-1836
(2) Vie de Henry Brulard, Stendhal, 1835-1836